Rétroactif
1 Juillet 2005
Il est déjà midi et demi et je suis en retard. Vraiment en retard. Ce n'est pas de ma faute d'ailleurs, mais je suis persuadée qu'il est parti sans m'attendre. Je raccroche. Catherine au GSM. Sa voix criarde qui me fait mal au crâne. Je descends du bus, je fonce dans la gare. Peut-être est-il toujours là ?
Une main tire le fil qui noue mon chemisier dans le dos. Il est là. j'en pleurerais presque de joie. De toute façon, la journée est larmoyante. J'ai signé mon dernier échec ce matin.
J'aime bien le visage un peu aigu de S. Peut-être parce qu'il ne ressemble à aucun autre. Etonnamment, depuis quelques temps, c'est devenu la personne avec qui je peux m'exprimer le plus librement. Le voir m'appaise. Avec lui, pas de séduction, pas de baise. Je me fous d'avoir les cheveux et les ongles sales.
On marche un peu, moi en tailleur, lui en costume. Dandy et secrétaire salope en pleine action. Nos quatre grandes pattes quadrillent la ville. On pourrait presque nous imaginer prédateurs urbains, près des Guillemins, à l'affut d'un fast food que les mouches auraient oublié.
S. m'entraine Chez Anne, Il reste deux places et je meurs de faim. Je m'asseois à côté d'un ficus maladif. Saletés de plantes vertes. On parle vacances, examens, baise et des autres connards de gens. Je le regarde dévorer son pain poulet-estragon. Voir S. manger, c'est quasi jouissif. L'efficacité du rapace, la grâce du moineau. Je lui refile le reste de mon pain mozarella.
On bouge ? La machine se remet en marche. De longues enjambées jusqu'à la place. On avise une terrasse. Une bonne femme permanentée façon caniche, une soixantaine d'années se pose près de nous et des pigeons. Saletés de pigeons ! C'est que ça s'approche de vous et que c'est loin d'avoir la gueule sympa des incorruptibles, un pigeon. La femme s'approche aussi et S. me fait remarquer le côté vain de son string en dentelle. Finalement, je trouve la vioque plus gênante que les pigeons.